| « Mola se rendait compte que les maîtres soufis voyaient juste. Il s’était souvent demandé pourquoi le nom de la Septième Ville dénotait si étrangement des précédents. Le Désir du départ se transformant en Passion, puis glissant vers la Connaissance, la Générosité, l’Harmonie et ensuite l’Étonnement. La septième était qualifiée d’Abandon, de Misère et de Dénuement. Étrange aboutissement de l’amour… »
Sept villes d’amour, sept étapes par lesquelles l’Homme doit passer pour toucher le fond de l’amour. Vision tendre et fragile qui nous vient du mysticisme persan… Le chemin, bien que tracé, reste éminemment libre : s’arrêter et savourer les acquis ou continuer jusqu’à la fin ? Le choix est personnel, car si la première ville est le Désir, la septième sera la Dénuement. Faut-il s’y engager ? Cette question est le leitmotiv du roman.
C’est l’histoire de Mola, un jeune garçon évoluant dans une ville où deux communautés s’affrontent. Le clan du Fer, couteliers et forgerons, s’inscrit dans la pure tradition musulmane. Le clan du Cuivre, dinandiers et soufis, suit la voie du mysticisme. La mosquée sème le vent, le khangah — lieu de culte des soufis — aspire à la paix. Les tensions idéologiques, économiques et sociales entraîneront notre jeune garçon de quatorze ans — l’âge où il faut faire des choix, où tout peut basculer — dans un conflit fratricide. C’est à travers ces événements qu’il appréhendera la vie et l’amour.
Dans ce roman se déroulant au XIXe siècle, à la manière des conteurs d’Orient, Evrahim Baran nous invite à comprendre plus en profondeur l’Iran et un certain monde musulman contemporains, et à mieux saisir les racines de ce qu’il dénomme dans ses conférences « la haine de l’Occident »…
Evrahim Baran est né en 1961, au nord de l’Iran. Il participe à la révolution de 1979 : espère, manifeste, hurle, se bat, est battu dans les prisons du Shah… Il arrive en Belgique en 1986, est reconnu comme réfugié politique cinq mois plus tard, participe, avec le collectif des Iraniens de l’époque, à l’affectation du Petit Château comme centre d’accueil pour demandeurs d’Asile… Depuis 2002 il collabore à l’association Persepolis à Bruxelles, organisation non gouvernementale et humanitaire s’occupant de réfugiés iraniens et afghans. Après Pressé Immobile et De ce côté du Mur, tous deux parus chez Maelström, Baran signe ici son troisième roman.
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